L'Ecriture-Phoenix.

Publié le par MDV

Il y a, en écriture, un moment de grâce qui vous enveloppe au moment où, les idées au plus noir, vous désespériez de le connaître à nouveau. Ce moment privilégié, c'est celui qui succède à un long et pénible cheminement parmi vos râtures, vos phrases bancales ou carrément creuses, vos erreurs de syntaxe et même vos fautes d'orthographe. C'est celui où ce tout premier jet terrifiant (que vous ne montrerez jamais à personne tant il vous fait honte !), se transforme en un récit clair et lisible sans que, pas un instant, vous n'ayez cessé de penser que vous agissiez comme si vous vous trouviez dans un état second.

Vous êtes seul à la barre. Devant vous, sur le papier ou sur l'écran, les mots s'agitent, se faufilent, se bousculent, s'effacent, se métamorphosent. Tandis qu'une partie de ce qui vous sert de cervelle semble se bloquer, tétanisée par un phénomène qu'elle ne comprend pas, l'autre en revanche sait parfaitement où elle vous mène et vous rassure. Non, vous n'êtes pas fou et il n'y aura pas besoin d'appeler le Samu : cet illusionniste si habile que, en le voyant exécuter ce tour impeccable, vous n'êtes pas loin de croire à la réalité d'une magie surhumaine, c'est vous - et vous seul.

Vous n'avez pas l'impression de réfléchir mais vous agissez très vite. Vos idées et vos doigts s'envolent, comme possédés par une énergie occulte et étrangère. Mais pourtant, c'est bien du plus profond de vous-même que monte la certitude absolue que tout est bien, que vous êtes à votre place et que vous faites la seule chose pour laquelle vous soyez né.

Evidemment, ça finit par passer. Tout a une fin en ce bas-monde - et surtout les bonnes choses, me direz-vous. icon_wink.gif

Peu importe : ce moment de grâce, ce moment unique, est aussi un phoenix. Pour peu que vous lui consacriez du temps et de la peine en suffisance, il renaîtra, en vous et pour vous, à l'infini.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article