Vu, lu & entendu.

Ce matin, Yvan Attal s'exprimait auprès d'une radio - France-Info, je crois - sur le film de Spielberg, "Munich", où il tient un petit rôle.

Né en Israël, Attal (qui avait auparavant tourné dans "Les Patriotes," autre film à polémique) n'hésitait pas à affirmer, avec un courage qu'il faut saluer : "De toutes façons, les Juifs et les Israéliens, ne sont jamais satisfaits de la manière dont on parle d'Israël."

Outre le bon sens de cette réflexion, elle m'inspire cette question : Yvan Attal va-t-il se faire traiter lui aussi d'anti-sémite (quel mot ridicule et surfait !) pour avoir osé ces paroles qui retracent une vérité de plus en plus dérangeante ?

Un peu plus tard, je lisais, dans "Télérama" et toujours dans le contexte du film de Spielberg, cette phrase dont le naturel et la tranquille impudence m'ont profondément choquée et que l'on doit à Ariel Schweitzer, historien du cinéma enseignant à Paris VIII et à Tel-Aviv :

"Sa critique des services secrets (le Mossad) ne dérange pas dans la mesure où elle est pratiquée par les Israéliens eux-mêmes."

Donc, si les Israéliens ne critiquaient pas le Mossad, Spielberg, lui, perdrait le droit de le faire ? Mais au nom de quel principe ? Certainement pas au nom de la liberté d'expression ...

Entendu de même hier au soir sur une chaîne un Israélien déclarer que le Hamas n'aurait jamais dû recevoir l'autorisation de se présenter aux législatives. Soit. Tout le monde connaît l'habileté avec laquelle les formations politiques ou religieuses foncièrement hostiles à la démocratie ont su de tout temps exploiter à leur profit les principes de générosité et d'impartialité qui fondent, justement, la suprématie de la démocratie. Le Hamas est le dernier en date mais la liste est longue ...

Seulement, si Israël avait respecté le droit international depuis la fondation de l'Etat hébreux, il est certain que les intégristes musulmans n'auraient pas acquis une si grande puissance en Palestine.

Or, au lieu de tirer la leçon de cette monumentale erreur qui aura bientôt soixante ans, Israël et une bonne partie de sa population se refusent toujours à admettre que leur volonté d'hégémonie, affirmée avec un cynisme de plus en plus confondant, est la grande responsable des problèmes du Proche-Orient. Israël se veut intouchable : Israël a la Shoah.

Mais aujourd'hui, s'ils le pouvaient, combien, parmi les juifs qui moururent sous les bottes des SS, se lèveraient de leurs charniers pour protester contre le traitement inhumain infligé à la population palestinienne ? A moins que l'Etat hébreux, oubliant le martyr de ces revenants inattendus, ne rebaptise leur opposition du nom de trahison, voire d'anti-sémitisme. On voit, on lit et on entend de si drôles de choses, de nos jours ...